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Quand la maladie frappe
31 décembre 2006

Pire qu'un bébé (ce n'est pas fini)

Là-bas ça avait bien commencé. On s'est bien amusés, on a joué à plein de jeux, avec des prix-cadeaux à gagner. Zom restait à l'écart, participant peu. Faut dire, sa médication le rend souvent somnolent, confus et nauséeux. Tout de même, la bonne humeur était générale.
On a mangé de la raclette pour souper, et tard en soirée on a servi pour dessert de la tarte au sucre.
Il a mangé peu dans la journée, comme d'habitude finalement, et a repris une 2ème pointe de tarte le soir; il n'a pas bu d'alcool.
On s'est couchés pas mal tard.

J'allais m'endormir après un bon moment (dur dur de s'endormir dans un lieu étranger) quand je l'ai entendu se lever. Il est allé à la salle de bain et là j'ai entendu.

Des gros efforts pour vomir, des grands gémissements, puis j'entends "Au secours" répétés plusieurs fois.

Je me lève en vitesse, je toque à la porte, il ouvre...et que vois-je?
Lui, tout tremblant, presque convulsé, et du vomi partout partout partout...
Le plancher, les tapis, le côté du bain, l'armoire, le bol de toilette intérieur et extérieur, bref tout ce qu'il y a dans la pièce est éclaboussé, tout sale.

J'ai eu une réaction totalement spontanée et instinctive, j'ai juré, "Merde c'est pas vrai, qu'est-ce qui t'as pris, t'as pas 5 ans quand même?"
Il a refermé la porte, désemparé.

Moi j'étais dans un état, totalement incapable de la moindre sympathie.
Au secours pourquoi au juste? pour aller ramasser??????????

Ma tante s'est levée, elle était couchée sur le sofa dans le salon, les enfants par terre sur des matelas. J'étais honteuse, sous le choc, je me tenais la tête à 2 mains, incapable de croire qu'il avait vraiment fait cette horreur. Surtout, épouvantée de devoir avouer à ma tante l'état de sa salle de bain.

Quand j'ai demandé des guenilles et du javel j'ai bien dû lui avouer.
Elle a tout pris en main.

Lui pendant ce temps a tout torché avec du papier toilette, c'était laid de voir le plancher plein de marques graisseuses et lui les pieds dedans.
Il était debout, désemparé, comme fou, les mains faisant de grands mouvements nerveux.

Ma tante lui a donné une serviette pour prendre une douche, il a remis son pyjama ensuite :-/
Malgré la douche, il avait toujours les pieds dedans hein.

Et pendant la douche il poussait des grands gémissements fous, presque comme un enfant qui sanglote.
J'étais assise à la table, toujours en me tenant la tête, incapable du moindre sentiment autre que de la colère, de la rage pures, j'en aurais pleuré.
Quand il est sorti c'était caricatural, ma tante était impressionnée!...il gémissait, haletait, les bras allant dans tous les sens.

J'ai bien insisté mais ma tante n'a rien voulu que je touche, j'étais morte de honte de voir ma vieille tante de 70 ans s'activer pour tout nettoyer.
Quelle horreur, je la voyais faire et j'avais envie d'hurler "Tu vas tout contaminer!".
Elle avait des gants de cahoutchouc mais seulement elle touchait tout avec, et donc, si c'était une gastro, elle avait 300% de chances de l'attraper, et qu'on l'attrape tous...
Il a fallu mettre en route la laveuse pour les tapis, les pantoufles.

À 3 hrs du matin pendant que ma tante nettoyait tout ça moi j'ai frotté farouchement les plaques de cuisson de la raclette.

J'ai été me recoucher, longtemps après, après avoir discuté avec ma tante qui m'assurait que tout était ok. Et là j'avais un dégoût total, j'imaginais mon mari qui venait de faire ce dégât, après l'épisode de la toilette bloquée, après l'épisode de la pierre aux reins alors que j'ai dû nettoyer le sceau de vomissures, tout ça en à peine 1 mois.
Me suis levée, j'ai pris un sac de couchage et me suis couchée par terre dans le salon, avec mes enfants.

Et dans mon oreiller j'ai pleuré, tellement pleuré que les yeux m'en brûlent encore.

Pleuré sur lui, cet homme propre et fier, tellement fort...avant.
Pleuré sur ce mélange de sympahtie, de pitié, de rancune, de colère...
Pleuré pour toutes les fois où les enfants étaient malades et que lui monsieur restait assis sans m'aider en me disant que lui "il était pas capable de toucher du vomi..."
Pleuré parce que j'arrive pas à être à la hauteur, j'arrive pas à continuer de l'aimer pour lui-même et non pour ce qu'il devient.
Pleuré parce que je refuse de jouer le rôle qu'il m'octroit...je suis sa femme, pas une concierge quelconque, pas son infirmière non plus.
J'ai pleuré surtout parce que j'ai perdu la clé de ma liberté.

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